Une personne agée et une jeune entrain de jouer à un jeu vidéo

La solitude des personnes âgées est un problème de plus en plus pressant. Non seulement en raison des conséquences psychologiques négatives de l’isolement – mais aussi parce que cette situation nuit gravement à leur santé – autant que l’obésité ou le fait de fumer quinze cigarettes par jour.

Le problème du logement s’aggrave également au sein de la population active, ce qui se traduit par un retard dans l’émancipation résidentielle des jeunes. D’où l’adoption du concept de « cohabitation intergénérationnelle » qui sert deux causes : solitude et insécurité économique des seniors d’une part, et difficultés d’accès au logement d’un jeune étudiant et/ou travailleur, d’autre part.

Voici un panorama complet sur la cohabitation intergénérationnelle.

Le principe de la cohabitation intergénérationnelle

Né en 1997 en Espagne, ce concept souvent appelé « cohabitation intergénérationnelle solidaire » se définit comme la cohabitation entre une personne âgée de plus de 60 ans et un jeune de moins de 30 ans. Tout cela, en contrepartie d’une modeste participation financière et, le cas échéant, de services rendus.

Que le senior soit propriétaire ou locataire, il peut toujours envisager d’héberger un jeune (homme ou femme). S’il est locataire, il doit tout de même aviser le bailleur de son intention à vivre avec quelqu’un d’autre sous le même toit. Bien entendu, le propriétaire de la maison ne pourra pas interdire la cohabitation.

De plus, la personne âgée doit s’assurer que le cadre alloué au jeune soit fonctionnel et offre de bonnes conditions d’hygiène.

Des avantages équitablement répartis

En plus de favoriser le vivre-ensemble entre deux générations, il y a de nombreux avantages derrière la cohabitation, autant pour le jeune que pour le senior.

Pour la personne âgée seule

Les seniors perdent, année après année, leur autonomie. Certains d’entre eux sont ignorés par la société et préfèrent s’isoler.Ainsi, accueillir un jeune dans leur maison leur permet de rompre la solitude. Ensemble, ils pourront tenir des discussions, regarder la télé, jouer à un jeu de société, etc.

De plus, son jeune colocataire pourra le soulager des travaux ménagers. En fonction de l’entente, le jeune locataire devra verser mensuellement une somme modique en guise de loyer.

Pour le jeune

La cohabitation intergénérationnelle est l’occasion de trouver un logement à moindre coût pour le jeune étudiant et/ou employé. Le loyer est drastiquement revu à la baisse – et les dépenses liées à l’eau, l’électricité et la connexion Internet sont souvent assurées par le senior. Dans certains cas, il arrive même qu’il soit dispensé de loyer.

Comme la majeure partie des personnes âgées préfèrent le calme, il bénéficie d’un environnement tranquille qui lui permettra de se reposer et de souffler après une longue journée de travail.

S’il est encore à l’université, il peut étudier dans une atmosphère paisible. Il peut même profiter de la compagnie et des conseils avisés du senior résultant d’une longue expérience de la vie.

Deux modes d’hébergement au choix

La cohabitation entre générations différentes se décline sous deux modes distinctes. Cette différenciation est essentiellement basée sur la contrepartie du logement offert à la personne de moins de 30 ans.

Cohabitation conviviale

Le mode d’hébergement dit « convivial » consiste à mettre à la disposition du jeune colocataire une chambre qui respecte les bonnes conditions d’hygiène, de confort et de sécurité – en échange d’une modeste participation financières. Cette formule inclut également des moments d’échange et de partage.

Cohabitation solidaire

Dans un hébergement solidaire, la personne âgée accueille gratuitement le jeune. En contrepartie, celui-ci rend au senior de menus services. Il peut s’occuper de tâches comme le repassage, le bricolage, le jardinage, la promenade, la cuisine, etc.

Une pratique inscrite dans un cadre légal

La cohabitation intergénérationnelle est soumise par la loi Élan du 23 novembre 2018 avec à la clé, un contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire. Cette disposition autorise les personnes ayant au moins 60 ans à louer ou à sous-louer une partie de leur logement à des jeunes de moins de 30 ans, peu importe qu’elles soient propriétaires ou locataires. L’objectif de cette initiative est de renforcer les relations sociales ainsi que de permettre aux jeunes personnes d’accéder facilement à un logement.

Néanmoins, cette opération doit respecter les conditions citées dans le contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire. Celles-ci sont listées à l’article L.631-17 de la loi Élan. En effet, « lorsque le senior est un locataire, il doit préalablement avertir son bailleur de son projet d’accueillir un jeune de moins de 30 ans dans le cadre d’un contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire ».

Le bailleur n’a lui aussi pas le droit de s’y opposer. Les parties discutent librement de la participation financière ainsi que de la durée du bail. Si l’une d’elles décide de se délier du contrat, le jeune locataire dispose d’un délai de préavis d’un mois.

Par ailleurs, l’article L. 631-18 souligne la possibilité pour les contractants d’inclure la réalisation de menus services par le jeune locataire en complément d’une contrepartie financière réduite. Il faut préciser que le contrat de cohabitation intergénérationnelle ne relève pas d’un contrat de travail. Il exclut tout lien de subordination entre les parties prenantes.

Il est recommandé de requérir l’aide d’associations de mise en relation de seniors et jeunes à l’instar du Logement Intergénérationnel et Solidaire (LIS) pour établir un contrat de cohabitation intergénérationnelle solidaire. Ces structures veillent au respect des conditions inscrites dans la Charte de la cohabitation intergénérationnelle solidaire.

Les éventuels limites à la cohabitation et les solutions

La volonté des contractants ne suffit pas à faire marcher une cohabitation. Il faut que chacun fasse preuve de tolérance et de compréhension mutuelles pour dépasser les différences de génération. Malheureusement, l’exercice s’avère parfois difficile aussi bien pour les seniors que pour des jeunes.

En cohabitant avec des jeunes, certaines personnes âgées craignent de devoir bousculer leurs habitudes. Notez que des enfants obligent parfois leurs parents à recourir à cette forme de cohabitation. S’ils ne se sentent pas motivés et concernés, il est plausible que la relation avec le colocataire parte du mauvais pied.

Bousculés par leur emploi du temps, certains jeunes ne peuvent pas toujours se libérer pour être au côté de leur hébergeur et l’aider dans les tâches ménagères.

La différence du rythme de vie fait aussi parfois hésiter les deux parties. Généralement, les personnes âgées mangent et se couchent tôt, ce qui n’est pas forcément une habitude chez le jeune gens. Elles dorment à des heures où les jeunes franchissent la porte d’entrée, ce qui risque de perturber leur sommeil. De même, les conversations menées par les grandes personnes désintéressent certains jeunes.

La communication reste la solution d’une cohabitation de génération différente avec des mœurs différentes : favoriser l’humour pendant le dialogue et complimenter l’autre pour les tâches qu’il a réalisées. En fait, deux générations vivant sous le même toit doivent être complémentaires.

Comment trouver un jeune ou un senior avec qui cohabiter ?

Que vous soyez jeune ou âgé, la meilleure solution pour trouver votre prochain colocataire est de contacter les associations chargées de mettre en place des programmes de cohabitation intergénérationnelle.

Par exemple, le réseau Cohibilis répertorie une quarantaine d’associations. Ils sélectionnent les candidats selon le profil et interviennent en cas de problèmes entre les cohabitants.

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