Une infirmière tenant la main à une personne âgée avec une canne

Si vous avez des notions du patois parlé en Occitanie, alors vous avez probablement entendu parler du « cantou ». Ce terme désigne la cheminée allumée autour de laquelle les familles se rassemblaient autrefois pour les veillées. À l’image de ce coin de feu rassurant, le Cantou (ou Centre d’Animation Naturel Tiré d’Occupations Utiles) est une structure qui a pour but d’offrir un cadre confortable et chaleureux aux patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Comment fonctionne ce type d’établissement ? De plus, quelles sont ses caractéristiques par rapport aux autres hébergements pour seniors. Suivez le guide du Cantou !

Une vie en communauté pour retarder la perte d’autonomie

Le Cantou, appelé aujourd’hui « unité de vie protégée » (ou « unité spécialisée Alzheimer ») est un foyer dédié essentiellement aux seniors souffrant de démence ou de troubles apparentés. Le premier du genre a ouvert ses portes en 1976 à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, sous l’impulsion de Georges Caussanel.

Le concept était innovant pour l’époque : faire vivre en communauté des personnes souffrant de démence et d’autres au stade léger. Cette cohabitation avait pour but de ralentir au maximum la perte d’autonomie par le biais d’échanges et d’activités entre les pensionnaires.

De nos jours, le principe du Cantou reste le même : bien vivre ensemble avec une maladie neurodégénérative.

À titre d’information, il existe d’autres établissements dédiés à l’accueil des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer : les pôles d’activités et de soins adaptés (PASA) et les unités d’hébergement renforcées (UHR).

Les caractéristiques du Cantou

Il existe environ 3 000 unités de vie protégée en France. Elles sont soit indépendantes, soit établies au sein même d’un Ehpad. Ces résidences spécialisées comportent 15 à 18 chambres individuelles pourvues d’équipements essentiels comme une TV, un lit médicalisé ou non, une table, une chaise et un placard. La salle d’eau et les toilettes sont dotées de barres d’appui pour prévenir les chutes et les accidents. Les résidents sont encouragés à y apporter des objets et des meubles personnels pour se concocter un petit chez soi.

Une salle commune tient lieu de salon et de salle à manger. Les pensionnaires peuvent y préparer et partager leur repas, s’y détendre ou encore y recevoir leurs familles.

Un Cantou contient également d’autres installations, à l’instar d’une bibliothèque, d’une chapelle, de terrasses et d’un parc. Notez que ce type d’établissement est construit suivant une architecture prothétique afin d’offrir un environnement qui compense les incapacités et la fragilité de ses habitants. Elle fait donc la part belle :

  • à la lumière naturelle

  • aux couleurs stimulantes

  • aux couloirs spacieux et libres d’obstacles

  • aux marquages au sol

  • aux solutions anti-fugue

  • aux jardins thérapeutiques

Tous ces aménagements sont mis en œuvre pour permettre aux seniors désorientées de vivre et de circuler à leur propre rythme.

Généralement, quatre maîtresses de maison se chargent d’organiser les activités quotidiennes du Cantou. Afin de stimuler leurs fonctions cognitives, les patients sont invités à participer aux tâches de la vie de tous les jours comme :

  • faire la cuisine

  • laver la vaisselle

  • éplucher des légumes

  • mettre le couvert

  • repasser et plier le linge

Des jeux pour entretenir la mémoire et la concentration (cartes, Scrabble, échecs…), ainsi que des ateliers thérapeutiques (cuisine, kinésithérapie, gym douce…) sont aussi prévus au programme.

De plus, l’apparence et le regard sur soi sont mis en avant au travers de séances de manucure, de coiffure et de soins esthétiques.

Si les résidents ne peuvent ou ne veulent pas participer à ces animations, ils les vivent toutefois avec leurs sens. Les odeurs, les bruits et les mouvements en font des acteurs passifs – mais des acteurs quand même !

Enfin, un Cantou dispose d’un personnel polyvalent spécialement formé aux maladies neurodégénératives et aux troubles du comportement. L’équipe est stable, afin d’instaurer des liens de confiance avec les patients.

Elle comprend essentiellement :

  • des aides-soignants

  • des infirmiers

  • des médecins-coordonnateurs

  • des psychologues

  • des ergothérapeutes

  • des kinésithérapeutes, etc.

Une solution pour soulager les familles des malades

Le Cantou apporte une solution aux familles des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Il ne faut pas oublier que cette situation affecte non seulement les personnes diagnostiquées, mais aussi leurs proches (mari, femme, fils ou fille) qui deviennent des aidants familiaux.

En effet, ils se retrouvent subitement à assumer des responsabilités et des tâches pénibles. Ils se chargent des soins corporels, de l’habillage, de l’alimentation et du change de leur parent dont l’état de santé se dégrade progressivement. De plus, ils doivent prévenir le risque de fugue et gérer les changements d’humeur, les délires et les hallucinations liés à la pathologie.

À la longue, ce rôle pesant finit par déboucher sur de la fatigue physique et de la dépression chez les aidants. L’unité de vie protégée permet de donner aux malades tous les soins dont ils ont besoin tout en déchargeant les familles de cette charge de travail. Le placement en Cantou ne signifie pas la fin de la vie familiale. Au contraire, les proches peuvent rendre visite régulièrement à la personne aimée, et même se joindre aux activités.

Les conditions d’admission dans un Cantou

L’admission dans une unité spécialisée Alzheimer est conseillée lorsque le maintien à domicile n’est plus possible. Les aînés peuvent aussi y être transférés après un séjour dans un Ehpad ou un hôpital afin d’y obtenir une prise en charge plus avancée et améliorer leur qualité de vie. Ils effectuent, en général, une visite de pré-admission pour se faire une idée de leur nouvel environnement.

Notez que les seniors entrants doivent au préalable faire l’objet d’une évaluation afin de confirmer des troubles du comportement. L’admission dans un Cantou nécessite également son consentement – sauf en cas d’urgence.

Le coût de l’hébergement dans un Cantou

Comme pour une maison de retraite classique, le prix du séjour dans une unité de vie protégée combine le tarif d’hébergement et le tarif de dépendance.

Le tarif d’hébergement couvre les prestations dites « socle » de l’établissement. Celles-ci correspondent aux frais administratifs, au logement, aux repas, à l’entretien (nettoyage de la chambre et blanchisserie), aux animations et sont à la charge du résident. Si l’établissement est habilité à recevoir une aide sociale, le senior peut bénéficier d’une aide sociale à l’hébergement (ASH) attribuée par le conseil départemental qui permet de régler une partie ou la totalité du coût du séjour.

Quant au tarif de dépendance, il concerne les services d’assistance pour effectuer les actes de la vie courante. Il est évalué par un médecin coordinateur selon le niveau de dépendance fixé (ou GIR) par la grille AGGIR ((Autonomie Gérontologique et Groupes Iso-Ressources). Il va de soi que ce tarif augmente avec le degré de perte d’autonomie. Bien qu’à la charge du senior, les frais peuvent être allégés par une APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) octroyée par le département s’il relève du GIR 1 à GIR 4.

Afin de vous donner une idée, le prix moyen d’un hébergement dans un Cantou est de 55 € par jour. Lors de l’admission, il faut s’acquitter d’un dépôt de garantie correspondant à deux mois de pension. Cette somme est restituée en cas de décès ou de départ de l’établissement.

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