un quartier résidentiel

Le béguinage était autrefois un mode d’hébergement inédit pour les femmes qui avaient décidé de se retirer du monde. Il constituait une philosophie de vie basée sur l’entraide et la solidarité. Au fil du temps, les seniors se sont substituées aux femmes seules en y trouvent une autre façon de se loger. Plusieurs facteurs socio-psychologiques motivent ce choix, tels qu’un bouleversement dans la structure familiale, le besoin d’indépendance ou encore le sentiment d’isolement. Dorénavant, la nouvelle version du béguinage propose aux seniors de vivre et de vieillir sereinement en étant entourés et autonomes. Dans cet article, découvrez ses avantages et ce qui le différencie des autres résidences accueillant des aînés.

Un concept d’hébergement inspiré du Moyen âge

Les premiers béguinages ont commencé à fleurir au XIIIe siècle au nord de l’Europe. Le mot « béguinage » vient de béguines, qui sont des religieuses n’ayant pas fait leurs vœux et ayant décidé de cohabiter tout en restant indépendantes et actives économiquement.

Assimilé à l’origine à un couvent, le béguinage conglomérait plusieurs bâtiments qui servaient la vie courante comme la boulangerie, l’hôpital, la lingerie, etc. Ces ensembles architecturaux étaient construits à proximité d’une chapelle ou d’une église et représentaient à eux seuls un petit aménagement urbain ou rural. S’inspirant des béguinages de Pays-Bas, le roi de France Louis IX en a, lui aussi fondé à Paris.

L’UNESCO a d’ailleurs classé certains de ces béguinages historiques au patrimoine mondial de l’humanité. De nos jours, le béguinage véhicule encore des idées religieuses et maintient le concept de base : la solidarité entre les occupants. En assurant autonomie et intimité à ces personnes, ce type de résidence leur permet de vivre collectivement tout en leur offrant une protection de la vie privée.

Ces nouvelles formes d’hébergement en communauté se trouvent majoritairement dans le nord de la France. Elles sont généralement régies par des bailleurs sociaux ou des associations privées.

Une alternative à la maison de retraite

La plupart des aînés désirent rester chez eux. Toutefois, leur condition physique et mental rend parfois difficile le maintien à domicile. Le transfert dans une structure d’accueil comme une maison de retraite est donc indispensable. Pour changer, il est possible de rejoindre un béguinage. Celle-ci se veut comme une résidence pour les personnes âgées souhaitant vivre solidairement et dans la bienveillance tout en gardant le maximum d’indépendance. Elle constitue la réponse aux attentes des personnes vieillissantes en quête d’une meilleure qualité de vie.

Un environnement rassurant et sécurisé

Le béguinage est composé en moyenne de 10 à 20 logements répartis en maisonnette ou appartement. Chaque occupant dispose de son propre logement. Même s’il est indépendant, il peut bénéficier du soutien des autres seniors colocataires.

Depuis 2010, des normes à l’accessibilité des Personnes à Mobilité Réduite (PMR) sont en vigueur dans les béguinages. Elles sont conçues pour permettre aux seniors ayant des difficultés de mobilité ou non de se déplacer sans difficultés. Un aide à domicile peut également venir pour effectuer les tâches ménagères ou préparer les repas.

En dehors d’un service d’aide à domicile, les logements sont conviviaux et particulièrement tranquilles de manière à offrir aux résidents un maximum de confort et de sécurité. Leurs agencements sont adaptés aux capacités physiques des seniors. Il en découle par exemple, de l’aménagement d’armoires pratiques, de volets électriques et des douches de plain-pied dans les logements.

Un logement à petit budget

Le fonctionnement du béguinage nécessite une contribution financière sous forme de cotisation forfaitaire des occupants. Néanmoins, le tarif de l’accueil et du loyer en béguinage n’est pas aussi onéreux que dans une résidence senior.

Souvent géré par des organismes publics, le béguinage ne constitue pas une institution à but lucratif. C’est la raison pour laquelle l’hébergement – sans les services, les repas et les différentes charges – coûte entre 450 à 750 euros par mois. Quant aux frais des résidences pour seniors, le tarif minimum est de 1 500 euros et peut atteindre jusqu’à 6 000 euros par mois.

Des logements appelés « Habitation à loyer modéré » (HLM) opèrent dans la plupart des béguinages. Ils ont pour vocation d’accueillir les seniors à petit budget. En outre, les personnes âgées perçoivent également trois sortes d’aides financières au logement :

  • Aide Personnalisé au Logement (APL) versée uniquement sur convention selon le logement, les ressources et le nombre d’individus du ménage.
  • Allocation de logement sociale (ALS) pour ceux qui ne peuvent pas prétendre à l’APL.
  • Allocation personnalisée d’autonomie (APA) : une mesure sociale en faveur des personnes âgées de plus de 50 ans.

Une communauté d’entraide et partage

De nos jours, l’individualisme et l’égocentrisme prédominent dans la société, si bien qu’il est difficile d’entretenir des relations. Le béguinage favorise l’entraide et le partage. Le fait de rendre service aux autres est une source de bien-être, au point de devenir une réelle motivation individuelle.

Le béguinage est avant tout un lieu de rencontres, d’amitié et de solidarité. C’est une communauté où les personnes d’une même génération tissent un lien fraternel et partagent les mêmes passions ou centres d’intérêt. Un professionnel peut les accompagner afin de faciliter les échanges et si besoin, apporter un soutien moral.

Un frein à l’isolement

Pour ne pas se couper du monde, des services de proximité comme les commerces, les transports en commun et les pharmacies environnent les béguinages.

De plus, la raison d’être du béguinage est surtout de ne pas écarter les joies de la retraite. Les aînés peuvent ainsi y passer du temps avec leur entourage ou se rendre dans les centres de loisirs environnants. Comme la résidence se situe généralement au cœur de la ville, ils ont facilement accès aux activités culturelles et sportives.

Les seniors restent libres d’organiser leurs emplois du temps et de recevoir les visites de leurs familles et de leurs amis.

Seul bémol ?

Les établissements qui accueillent les personnes d’un certain âge tel que le béguinage sont fréquemment qualifiés de « maisons de retraite ». Néanmoins, il y a une nuance entre les deux.

Un béguinage n’est pas habilité à accueillir des personnes dépendantes évaluées en GIR 1 et 2 – le degré de dépendance ou perte d’autonomie suivant la grille nationale AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupe Iso-Ressources). Il n’y existe aucun service médicalisé. Les résidents ne bénéficient donc pas d’un encadrement médical.

En revanche, les maisons de retraite, souvent classifiées en tant qu’Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD), disposent des équipes et soins médicaux. Elles comportent des services médico-sociaux et des unités de soins de longue durée. Certains EHPAD ont même instauré des unités Alzheimer ou Cantou. Par contre, les béguinages ne sont pas adaptés à aux personnes souffrant de cette pathologie.

D’autre part, la structure à taille humaine et privée du béguinage relève du droit commun. Les règles régissant les résidences autonomie ne s’y appliquent pas, comme le décret du 27 mai 2016 de la loi d’adaptation de la société au vieillissement. Ces résidences pour aînée sont, en comparaison, encadrées par la loi et sont contrôlées par l’autorité du conseil départemental.

En raison de la progression du béguinage à notre époque, certaines collectivités locales lui octroient toutefois un statut plus évolué. C’est le cas du conseil départemental du Pas-de-Calais qui délivre un label à tous les projets immobiliers répondant aux critères de béguinage.

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Une réponse

  1. Chazet Christiane dit :

    Quelle magnifique initiative et que d’humanité a eu ce maire près du Mans.
    Malheureusement l’isolement ne touche pas que la ruralité. Un exemple, j’habite en plein Paris, cet été j’étais seule dans mon immeuble et j’ai passé 4 mois de canicule
    (suis cardiaque) cloîtrée chez moi. Aucun appel de ma fille ni de SMS dès petites filles . J’ai tenté pendant 10 ans de fuir Paris mais on ne veux pas de vieux. Mon seul handicap. vient d’avoir 80 ans.!!!

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